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(RE)POST

 

Photo du rédacteurPatrice Snoeck

Maintenant que ça roule....

MVTAT #S2EP1



Déjà 3 ans d’ancienneté et voilà venu le temps de me refader les 231 pages du Manuel Technique des Agents d’Accompagnement qui m’était apparu il n’y a pas si longtemps comme le meilleur exercice de neuroplasticité bien qu’indéniablement le plus chiant, et repasser mes accréditations pour un nouveau triathlon.


Et ça va être du sport.


Car le hasard d’une de ces listes avec une tête et parfois même une queue me propulse en haut de l’affiche du roulement le plus convoité de ma direction de ligne : celui du TER 200 et des longues distances, qui va de Strasbourg à Bâle mais aussi à Metz, Nancy ou Paris et qui s’opère la majorité des fois dans ces bonnes vieilles rames Corail, avec lesquelles je partage l’increvabilité, l’endurance et une certaine lourdeur.


Etre au roulement TER 200, c’est croiser au moins 1500 regards par jour et faire autant de sourires a des gens interloqués et la plupart du temps casqués, dire 800 fois bonjour et ne recevoir que 20 réponses, faire un 200 mètres-haies de divers obstacles dans les couloirs et les intercirculations, valises, poussettes, trottinettes, et d’éviter de se prendre un guidon sans jamais avoir le nez dedans.

C’est accompagner un train de 170 à 230 mètres et de 300 à 450 tonnes composé de 6 à 9 voitures et d’une loco qui tourne 20 heures par jour et fait ses 1500 km la plupart du temps sans ratés, embarquant ses 4000 passagers quotidiens et donc autant d’aléas sans coup férir alors que c’est bien la seule qui aurait légitimement raison de se plaindre ; d’autant qu’on ne l’éteint même pas la nuit, contrairement à son contrôleur qui lui a droit, et c’est loin d’être systématique aux différents roulements, à un découcher dans une ville civilisée et dans un hôtel digne de ce nom.


Etre contrôleur du roulement TER 200, c’est vivre à 200 à l’heure, c’est avoir souvent chaud, tantôt froid, se déplacer dans un vacarme infernal entre deux voitures plutôt bien insonorisées mais plus ou moins climatisées et encore, rarement à la même température, se retrouver coincé avec des voyageurs jusqu’au prochain arrêt à écouter des griefs, faute de pouvoir circuler dans le train blindé aux heures de pointe, ou encore donner un départ sous une pluie battante avec le stoïcisme d’un King’s guard.


Cet abattage en bonne et due forme où les trottoirs sont des quais pourvu qu’il y en ait quand on s’arrête, n’est pas sans danger, vu qu’on a toujours un vorace au train à dix minutes de là, et dont on espère qu’il n’a pas mangé le sémaphore de son cantonnement de voie, quand toi tu t’attardes un peu en gare à jouer au Tetris avec des vélos ou pire, frayer un passage assez large et surtout assez digne à des voyageurs privés de mobilité mais pas de besoins pour autant.


Le roulement, c’est aussi aussi impacter la vie de plein de gens, 3 à 4 trains d’affilé en général par journée de travail, chaque train est une audience qu’envierait un animateur de radio locale qu’il faut animer, à qui il faut parler avec les bons mots, se comporter avec droiture, verticalité et sens de l’à propos, le tout avec des arrières pensée d’acteur de théâtre qui pourrait pour un oui ou un non se retrouver à la télévision.


Cette scène où il faut savoir jouer l’impro, je vais vous la raconter dans cette seconde saison, un regard élargi, ou vous découvrirez les coulisses du métier de chef de bord, ce contrôleur au doigté et à l’oeil qui n’a pas une vie des plus faciles, sauf à avoir capacité de détachement, en plus de celle d’être toujours en forme.


Bientôt, MVTAT#2 (Ma Vie Ter à Ter racontée avec des manières #Saison 2) s ‘écrira en parallèle d’une seconde série : BOGIE BOOGY, la Danse du Rail, où l’on vous promènera backstage chez ceux qui font le train au quotidien.


L'Alchimiste.

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